Institut International de Promotion et de Prestige, juin 2010

Excellences,
Mesdames et messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers amis,

Au nom de l’Alliance Francophone Internationale, que j’ai l’honneur de présider et de représenter aujourd’hui, je suis extrêmement heureux, mais aussi, je ne vous le cache pas assez ému, de pouvoir m’adresser à vous, membres de l’Institut International de Promotion et de Prestige qui nous faites l’honneur de nous accueillir parmi les exceptionnels lauréats que vous avez distingués.

Il suffit de lire la liste de vos membres, des Souverains, Chefs d’Etat, Premiers ministres, ministres, hommes politiques, Prix Nobel, scientifiques de haut niveau, économistes, qui ont participé à vos travaux, ou encore celle des lauréats que vous avez couronné dans les domaines culturel, humanitaire, scientifique, technologique, économique et industriel, pour comprendre mon émotion.

Le plus simple est probablement de me « jeter à l’eau » et de vous présenter l’Alliance Francophone au sein de laquelle j’œuvre bien modestement, depuis des années, aux côtés d’illustres personnalités francophones internationale, tels nos regrettés Fondateur et Président d’Honneur, Pierre Messmer et Maurice Druon, mais aussi avec l’appui de milliers d’amis qui, à travers le Monde, œuvrent avec nous pour la promotion de la langue française et des valeurs universelles qu’elle véhicule.

Présentation de l’Alliance Francophone

Présente sur cinq continents et dans 99 pays, l’Alliance Francophone, fondée par Pierre Messmer, ancien Premier Ministre et Chancelier de l’Institut de France, auquel avait succédé Maurice Druon, Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française, qui vient de nous quitter il y a quelques semaines, l’Alliance Francophone, a pour ambition de participer par tous les moyens, tant en France qu’à l’étranger, à la promotion et au rayonnement des valeurs véhiculées par la langue française.
L’association compte aujourd’hui plus de 5 400 membres, dont plus de 2 000 en dehors de l’espace francophone, et peut mobiliser 450 000 personnes à travers le monde.
Cette richesse humaine, exceptionnelle, encourage l’Alliance, dans un esprit de fraternité, de culture et d’humanisme, à œuvrer, en synergie avec les partenaires extérieurs tels les Etats, les associations, les entreprises, les individus, pour le dialogue et la défense de toutes les diversités.
Apolitique, l’Alliance Francophone constitue une véritable force de proposition qui peut se prévaloir d’être animée par des esprits libres.
Dans ce monde de défis qui se dressent chaque jour devant nous, l’Alliance Francophone, créée en janvier 1992, reste convaincue de la nécessité du « devenir ensemble » dans le partage de valeurs démocratique et culturelles.

L’Alliance Francophone, espace de réflexion, veut attirer l’attention sur les dimensions spirituelle et de solidarité qui doivent présider à la définition d’un projet de société internationale via la langue française.

L’Alliance participe à l’appui aux processus démocratiques, à travers notamment des missions d’observation du bon déroulement d’élections, et à des projets sociaux.

L’Alliance a, entre autre, créé l’Entraide Francophone pour le montage de microprojets dans les secteurs de la formation et l’insertion professionnelle de jeunes handicapés, des opérations dites « 3S » (Santé-Savoir-Solidarité) dans le cadre desquelles de nombreux envois de livres, de matériels scolaires et de médicament sont acheminés en Afrique ou en Asie.

Sur le plan culturel l’Alliance Francophone promeut l’esprit francophone, dans sa diversité et sa richesse à travers divers prix, de cinéma, de poésie, de littérature, elle soutient plus généralement la création francophone dans toutes ses manifestations.

Un des projets phares de L’Alliance Francophone, longtemps considéré comme une utopie mais aujourd’hui très sérieusement étudié par les autorités françaises, est la mise en place d’un « Visa Francophone » (qui fut appelé « Passeport Francophone ») qui pourrait assurer à des étudiants, à des chercheurs, à des promoteurs divers, francophones, originaires de pays francophones, une plus grande aisance dans leurs allées et venues au sein de l’espace francophone, ainsi qu’une allégement des formalités administratives consulaires.

Ce « Visa Francophone » constituerait une nouvelle solution formule dans la gestion du franchissement des frontières des territoires francophones par les Francophones et affirmerait, à travers une solennité et une effectivité plus grande, l’appartenance à la Communauté Francophone.

Ce document que nous réclamons depuis des années semble désormais être pris très au sérieux par le gouvernement français qui travaille actuellement sur ce thème.

L’Alliance Francophone insiste également sur la rencontre des différents acteurs de la Francophonie et des expériences qui les animent.
L’échange, l’enrichissement mutuel et la solidarité sont affaires d’Hommes et, dans cet esprit, l’Alliance Francophone travaille aux Rencontres Francophones de l’Association des Ecrivains de Langue Française, à l’organisation des Rencontres de Versailles, le « Davos culturel » ; agit au sein du Cercle Justice et Liberté en encourageant les actions qui visent la mise en liberté et la restauration du droit d’expression au profit d’individus ou de groupes persécutés en raison de leurs opinions.

L’Alliance Francophone ce sont donc plus de 500 réalisations de solidarité et de structures humanitaires réalisées en partenariat tous les ans. Tout ceci nous permet depuis plus de 17 ans de nous considérer comme un véritable groupe de pression au service exclusif des valeurs que véhicule notre langue.

Notre indépendance, cette force, nous permet aussi d’être assez souvent politiquement incorrect et de rappeler à nos amis quelques principes qui, selon nous, devraient permettre d’éviter à la francophonie la sclérose dans laquelle, volontairement ou involontairement, certains ne cessent de la pousser !

Enfin, pour ses adhérents, l’Alliance publie chaque trimestre « La Lettre Francophone » et va ré-ouvrir, dans les jours qui viennent, son site internet.

Défense de nos valeurs

Notre combat pour la promotion des valeurs d’humanisme et de solidarité veut enrichir et instruire.
Il fait de la diversité des cultures une bibliothèque formidable pour la connaissance, une plateforme unique d’échanges et de partages.

Notre combat n’exclut pas, ne condamne pas, n’enlève rien à personne.
Il associe et conjugue, consacre les libertés publiques, celles de penser, de s’exprimer, ainsi que le respect universel de l’Autre, et la foi en l’Homme.

Ce qui est le plus important pour nous c’est de favoriser, d’encourager, de protéger le dialogue des cultures, le respect des peuples et des individus, de leurs identités, de leurs richesses, de leurs âmes.
L’important, c’est le partage et l’échange, une sagesse commune à toutes les cultures qui, par delà les frontières et le temps, font des hommes des frères.

Car, pour nous, le « choc des civilisations » n’est en fait, que le « choc des ignorances ».

Aucune civilisation, aucune culture, ne peut se développer et progresser sans, à la fois, préserver son identité et s’ouvrir sur les autres.

A nos yeux, la Francophonie fait de l’Homme la pierre angulaire de toutes les cultures et de la Civilisation.

La Francophonie est une invitation perpétuelle à l’excellence.

Au sein de l’Alliance francophone, tous cultivent cet esprit, et tous le déclinent vers l’autre pour contrer tout ce qui malmène notre belle Langue et les valeurs qu’elle induit !

Cette démarche est importante car l’image de la francophonie, aussi prestigieuse soit-elle, subit, lentement mais sûrement, une légère érosion.
L’esprit de solidarité, la culture, l’humanisme, qui constituent la base des valeurs francophones, sont aujourd’hui inégalement valorisés.

Ceux qui prêchent pour le repli de la Francophonie sur elle-même (en fait, pour être clair, au repli de ses Etats « riches » sur eux-mêmes) la condamnent à ce que j’appelle une « stérilisation culturelle » et que le philosophe Yves Michaud décrit comme « un chacun chez soi autodestructeur ».

L’avenir de la Francophonie sera politique, en ce sens qu’elle devra faire des choix de partenaires et d’engagements diplomatiques et économiques, mais qu’elle devra aussi défendre les siens de toutes les agressions dont ils sont ou seront victimes !
Cet avenir sera « l’humanisme intégral » de Senghor, il sera dialogue et solidarité dans un espace qui en manque cruellement…
Ou alors, il ne sera pas !

Nous pensons, pour que le mécanisme de l’engagement politique de la francophonie soit porteur de fruits pour l’avenir de notre communauté, qu’il faut tout simplement insuffler un peu plus de démocratie et surtout un peu plus des trois valeurs fondamentales véhiculées par notre langue que sont la Liberté, l’Egalité et la Fraternité !

Francophonie et devenir du Monde

Tout d’abord, faut il le rappeler, un pays sur quatre est francophone, la Francophonie se déploie sur les cinq continents et la population linguistique francophone représente environ 3 % de la population mondiale, environ 175 millions d’individus, auxquels s’ajoute plus de 100 millions de locuteurs ou d’apprenants le français.

La Francophonie est fondée sur le partage d’une langue commune, et sur les valeurs que l’usage de cette langue véhicule.

La Francophonie est ainsi fondée non pas sur le partage d’intérêts, mais sur l’intérêt qu’il y a à partager.

Essentiellement fondée sur le dialogue et la solidarité, La Francophonie fait fi des frontières, des puissances militaires et économiques, des cultures, des confessions.
La diversité des pays membres de la Francophonie le démontre aisément.

La Francophonie se distingue en effet des autres communautés de pays qui se forment en fonction de critères géographique, sectoriel, de puissance, ou en référence à la mise en commun d’un dispositif de sécurité, à une confession religieuse ou à une sensibilité partisane.
La philosophie de la Francophonie est pas celle de l’Union Européenne, ni celle de l’OTAN, ni celle des G8 ou G20, ou encore de l’OPEP. Ces solidarités existent bien sûr ! Mais elles sont bien trop ponctuelles, ou trop instrumentalisées.

D’autres solidarités existent bien sûr !
Mais trop ponctuelles, ou trop instrumentalisées.

Singulièrement, la solidarité francophone n’est ni géographique, ni sectorielle, ni fondée sur un critère de puissance ou des dispositifs communs sécuritaires, religieux ou partisans…

La Francophonie est une communauté transversale, en ce sens qu’elle regroupe des peuples qui vivent des réalités diverses, du Nord au Sud, et que le ciment qui les unit est le partage du Français et les valeurs humanistes qu’il sous-tend.
Ce sont ces caractéristiques qui donnent à la Francophonie une place à part dans le concert des organisations de pays.

La Francophonie est une alternative aux extrémismes de tous bords, une alternative au désarroi et aux crispations identitaires…

Mais en quoi l’état du Français peut-il concerner le monde ?

En quoi peut-il concerner un Africain, un Américain, du Nord ou du Sud, un Asiatique, un Australien ?
En quoi peut-il concerner la myriade d’hommes et de femmes, de foyers, d’individus, de foules, de communautés, croyantes ou non-croyantes, de migrants ?

A mes yeux ces raisons peuvent être regroupées autour de trois piliers fondamentaux de l’ordre international : la diversité, la solidarité, et la mémoire !

Notre monde est concerné par l’état de notre langue d’abord parce qu’elle est une garantie de sa diversité alors que de nombreux politiques, plus soucieux d’économie, penchent dangereusement vers l’uniformisation.
Il n’est donc plus anecdotique, ni anodin, de réagir à cette situation !

Cependant, la préservation de la langue française ne doit pas être perçue comme un repli, comme une crispation, car c’est le principe de diversité qui est menacé, attaqué par un matérialisme et une notion de l’utilitaire détournés vers des objectifs de domination.

De nos jours cette interprétation du jeu international emporte la conviction de trop nombreux dirigeants.
Et les provocations des uns engendrent, bien sûr, les radicalisations des autres !
Tout cela dans une spirale macabre qui risque de nous couter très cher, trop cher !

Car cette tendance a une conséquence perverse : celle de transformer les Droits de l’Homme et la Démocratie en fers de lance guerriers qui viendraient légitimer cette « Uniformisation » tant recherchée par certaines économies, avec toutes les hypocrisies et les dénaturations que cela promet.

Il convient donc de mettre en garde toute tendance avançant la supériorité d’une civilisation sur une autre.

Le Français bien plus qu’un témoin de résistance à cette regrettable pente à l’uniformisation, est une réelle et exemplaire alternative à ce qu’il convient, en réalité, comme nous le disions il ya quelques instant d’appeler le « Choc des Ignorances ».

L’état du Français concerne le monde parce que la Francophonie conçoit le respect des Droits de l’Homme et l’affirmation de la Démocratie dans la diversité, pas dans l’uniformisation.

Un projet de civilisation

Et là encore il est question de langage, et des valeurs qui s’y attachent.
Si l’on considère, avec le dictionnaire le Robert, que la civilisation est un ensemble de caractères communs aux vastes sociétés les plus évoluées, un ensemble de phénomènes sociaux (religieux, moraux, esthétiques, scientifiques, techniques), la Francophonie apporte des projets concrets et judicieux.

A l’échelle mondiale, les enjeux économiques et commerciaux conduisent, dorénavant, très clairement les mouvements et les jeux politiques.

Le religieux rentre lui, à nouveau, dans la sphère du politique, non pas pour y insuffler des valeurs, mais presque par réaction à ce mouvement du tout économique, qui vient souvent propulser des interventions guerrières.
Le religieux rentre ainsi dans la sphère du politique sous l’impulsion d’extrémistes qui trouvent dans les volontés hégémoniques de certains pays, et dans leurs maladresses, un motif, un alibi, pour développer plus aisément leurs thèses inexactes.

Il faut désamorcer cet extrémisme sur le fond en proposant un projet de société mondiale articulé sur des projets de sociétés locales le tout respectant le Droit International.
Sinon ce sera l’enlisement.
La Francophonie invite ainsi à recentrer le débat, et à faire de l’Homme et des Peuples l’acteur, les acteurs, des relations internationales, nationales, sociétales.
C’est un engagement politique important : outre les valeurs qu’il véhicule, il redonne aux citoyens leur rôle déterminant.

Les propositions, que fera bientôt l’Alliance Francophone à l’OIF, visant à harmoniser le Droit au sein de l’espace francophone et à y insuffler une véritable déontologie basée sur le respect réciproque, contribueront à cette démarche.

Et, à l’heure des grands ensembles, des prétendues civilisations mondiales, il n’est pas inutile de rappeler que la Francophonie se donne les moyens de poursuivre ces objectifs : aider à la prévention des conflits, favoriser l’instauration et le développement de la Démocratie, soutenir l’Etat de Droit et les Droits de l’Homme, encourager le retour au respect du Droit international qui codifie des valeurs communes aux pays et aux peuples de toutes cultures.

Louis Michel, alors ministre des Affaires étrangères belge, disait : « La Francophonie ne doit pas craindre d’afficher ses objectifs politiques, en particulier dans le domaine de la prévention des conflits et du maintien de la paix (…) Car la Francophonie n’est pas seulement une réalité humaine et culturelle fondée sur une langue. Elle doit devenir un véritable concept politique au service de la paix, du développement et des droits humains. Elle doit se positionner vis-à-vis de grandes questions économiques, sociales ou politiques. Il faudra une stratégie et des moyens, afin de donner à notre réalité une fonction d’acteur global, influent, critique et efficace ».

Cet engagement politique de la Francophonie doit donc être parfaitement indépendant et servir les valeurs que l’usage du Français véhicule avec tout ce que cette indépendance implique : celles qui contribuent à l’affirmation des Droits de l’Homme, de la Démocratie, celles qui assurent le respect de la diversité et de la rencontre des cultures.

Il ne faut jamais oublier dans ce projet que la Francophonie tire sa force et sa pertinence de la diversité de ses membres et de ses acteurs. Si la Francophonie offre aujourd’hui une proposition palpable de coexistence et d’enrichissement mutuel, c’est parce qu’elle regroupe des peuples de confessions diverses, du Nord et du Sud, et que ces peuples partagent une langue et les valeurs humanistes qu’elle véhicule.

La langue française a été et demeure le vecteur de cet humanisme.

Trop souvent la francophonie a été perçue comme passéiste, élitiste, nostalgique pour ne pas dire dépassée.

Notre francophonie n’est pas une forteresse assiégée où l’on constaterait, avec affliction, des brèches dans ses remparts.

Notre francophonie est un espace ouvert sur le monde.

La conception qu’en a, et que veut en faire partager l’Alliance Francophone, est celle d’un « savoir être » projeté dans le XXIe siècle si riche en défis exaltants.

Ceux qui, en France et ailleurs, se réclament des valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, utilisent souvent notre langue pour rester les artisans convaincus de la compréhension, de la tolérance et de la générosité.

L’Alliance Francophone rassemble tous ceux qui partagent une « certaine idée » de l’humanité.

C’est cette francophonie qu’entend servir l’Alliance Francophone.

La diffusion de notre langue

Notre monde est concerné par l’état de notre langue car elle exprime une solidarité très singulière. Le Français est un trait d’union transversal pour des populations qui vivent des réalités différentes, voire souvent étrangères.
C’est une solidarité multiforme qu’il faut raffermir, développer, et faire vivre.

Dans ce but, il faut encourager les rencontres, la circulation des personnes au sein de l’espace francophone, qui permet les échanges et la conjugaison des expériences et garantit leur reconduction auprès des générations suivantes.

C’est pourquoi, il est important, aujourd’hui, de promouvoir un système qui encouragera cette libre circulation des personnes au sein de l’espace francophone.

La Francophonie associe des pays, des peuples du Nord au Sud, d’Est en Ouest, qui partagent bien plus que l’usage commun de mots.
Ces pays ces peuples partagent les valeurs que cette langue véhicule, dans leurs multiples expressions.

Cette solidarité exemplaire a, fort heureusement, suscité des vocations…et les pays lusophones ou hispanophones se sont également regroupés de façon transversale autour du partage de leur langue.

Si l’usage du Français périclitait, toute une solidarité périrait, cette solidarité désintéressée, ce sentiment d’appartenance commune à une même humanité qui procède, tout simplement, de l’Humanisme.

Si l’usage du Français s’épuisait, un nouveau cloisonnement s’installerait avec comme seules ouvertures celles qui laissent passer les marchandises, du Nord vers le Sud.

Notre monde est concerné enfin par notre langue qui abrite et diffuse un patrimoine littéraire, scientifique et technique absolument merveilleux et indispensable.

Sans mémoire et sans langage, plus de transmission des patrimoines, plus de transmission des savoirs, avec cette conséquence terrible et immédiate : un dramatique appauvrissement général.

Loin d’être une simple base de données, ce patrimoine alimente les âmes et leurs expressions et rien ne se fait, vous le savez, sans âme ni expression.

A l’image du patrimoine génétique, si notre patrimoine linguistique disparaît, alors une somme incommensurable de possibilités serait soustraite au devenir de l’Homme.
Des réflexions, des sentiments et des approches ne trouveront plus d’expression, et des interrogations, des recherches n’auraient plus lieu.

Alors un langage commun et exclusif engagerait le monde vers une communauté d’esprit figée.

Finie la mémoire, finies les nuances, finis les concepts, finie l’identité, finie la vérité.

Sans respect de la diversité, sans solidarité des hommes et des peuples et sans le souvenir de chacun de ce qu’il est, le monde n’ira nulle part.

Ce qui est fondamental, c’est de pouvoir donner aux générations qui nous suivent, ou qui nous poussent, les moyens de comprendre leurs interdépendances et la nécessité de leur solidarité en leur faisant bénéficier d’une mémoire, d’une parcelle de mémoire.
Dans tous les domaines.

Les prochaines années nous donneront, j’en suis convaincu, raison, pour peu, toutefois, que nous soyons parvenus, tous ensemble, à tirer la francophonie d’une certaine torpeur, à lui donner une visibilité, une popularité, une proximité…

Pour conclure, permettez-moi de paraphraser Gandhi… : « Notre travail, de défenseurs de notre langue et des valeurs qu’elle véhicule, s’achèvera le jour où nous parviendrons à convaincre la famille humaine que chaque homme ou chaque femme, est le gardien du respect de soi et de sa liberté, et que cette défense prévaut même si le monde s’oppose à l’individu qui résiste ».

L’enjeu du Français, c’est donc l’Homme.
Simplement l’Homme, la seule cause qui vaille disait le Général de Gaulle !

Je vous remercie

Jean R. Guion