2010 : Gala Humanitaire de l’AFE

Jean R. Guion et Marie-Dominique Blohorn, Présidente de l’AFE Club Royal de Golf de Guadalmina - Marbella le 16 septembre 2010

Altesse Royale, Excellences, Mesdames et Messieurs les Représentants Diplomatiques, Madame la Présidente, Chère Marie Dominique Blohorn, Chers Amis de la diversité culturelle,

Todos defenderos de la diversidad cultural,

Je suis vraiment ravi de vous retrouver, ce soir ! Il y a un an presque jour pour jour, nous étions réunis autour de cette valeur qui nous est si chère : la solidarité !
Vous nous aviez, toutes et tous, honoré de votre présence, et témoigné votre enthousiasme et votre affectueux soutien.

Quand je dis « nous », je fais référence à toutes celles et à tous ceux qui œuvrent corps et âme au sein de l’Alliance francophone, aux quatre coins du monde, pour nos idéaux de paix et de tolérance, de justice et de liberté, de diversité culturelle et de solidarité entre les peuples.

Ces valeurs véhiculées par la langue française et la culture des « lumières ». Celles qui ont précisément présidé à la création de notre organisation par Pierre Mesmer en 1992.

Ce « nous », dont la dimension humaine et ontologique, autrement plus bouleversante, interpelle tout un chacun, intimement. Ce sont aussi et surtout ces milliers d’enfants du Burkina Faso que les aléas de l’histoire, l’aberration humaine et les dérèglements climatiques, ont meurtris, privés de parents ou de filiation. Ces orphelins atteints du sida, ces autistes, ces orphelins de la sécheresse et des inondations…
A leur chevet, il y a encore quelques jours, j’ai pu lire dans les regards de certains d’entre eux, sur les lèvres des médecins, infirmiers, humanitaires, volontaires, qui ont la noble mission de leur redonner goût à la vie, combien l’amour que vous leur témoignez et l’aide morale et matérielle que vous leur apportez sont inestimables.

Il y a un an, j’évoquais la situation humanitaire critique, engendrée par les pluies diluviennes qui avaient englouti des villages entiers du Burkina Faso, causant des dommages humains et matériels considérables. Aujourd’hui encore ce cycle infernal des cataclysmes naturels continue de souffler son courroux sur cette région du Sahel. A la fin du mois de juillet, de violentes pluies se sont abattues dans l’Est et le Centre Nord du pays et ont fait 14 morts et au moins 31 000 sinistrés.

Face à de telles détresses, je souhaiterais que nous fassions de cette soirée un moment de communion.

J’adresse mes vifs remerciements à toutes celles et ceux qui illumineront de leur génie notre rencontre, tant attendue. Certains d’entre eux sont venus de loin, délaissant pour un temps leurs lourdes obligations professionnelles au profit de la seule obligation qui vaille : celle du cœur.

Un grand remerciement Yasmine Issola, notre Déléguée Amérique de Sud, dont la voix vous enchantera et dont l’énergie communicative fera de cette soirée un moment de bonheur.
Merci à Guillaume Bordier, Etoile de la Compagnie Maurice Béjart, dont la grâce, l’agilité, le sens du rythme, vous émerveilleront !
Toute ma gratitude à mon fidèle ami Théo Phan, homme de télévision, chroniqueur, acteur, dont vous connaissez probablement le visage et la voix sur France Télévisions. Un garçon qui a tous les talents et d’abord celui du cœur !

Je salue aussi très cordialement et affectueusement votre Présidente d’Honneur, SAR Carmen Ulloa Y Suelves dont l’appui moral nous est si précieux, Marie Dominique Blohorn, votre infatigable et si dynamique Présidente, Daniel Dans qui veille sur notre trésorerie, Monique Inwards votre attentive Vice-présidente qui, avec Marie-Guy de Portal, a orienté de précieux sponsors vers notre association, les « de Hénnin », père et fils, Claude et Xavier, dont je sais la fidélité et la force de l’engagement, Xavier dont l’impressionnante omniprésence ce soir contribue au succès technique, cordial, artistique de notre Gala, sans oublier nos amies Remedios Nieto Del Rio et Roselyne Bakker, bref toute cette si sympathique équipe de l’Alliance Francophone Espagne sans qui ce Gala n’aurait pu avoir lieu.
Je ne saurais oublier notre ami Baldomero Rodiles San Miguel qui a su nous ouvrir les portes des plus hautes autorités politiques et administratives locales et régionales !
Ils n’ont, je le sais, ménagé ni leur temps, ni leur énergie.
Je voudrais qu’on les applaudisse tous bien fort ce soir.
J’ajouterai à ces légitimes hommages un autre, tout particulier, pour une personne efficace, dont la compétence le dispute à la discrétion et à la disponibilité, une personne qui, en deux ans nous permis de démultiplier les activités de l’Alliance, Patrick Jaquin notre Secrétaire Général. Merci Patrick !
Ce chemin de la lumière que nous parcourrons ensemble, l’Alliance Francophone l’a tracé, patiemment, depuis qu’elle s’est vue confier la gestion de plusieurs orphelinats dans les quatre coins du monde… En Afrique, bien sûr, en Asie et aux Caraïbes.

Dans ces lieux résolument dédiés à la vie, 40 à 60 000 enfants apprennent à naître une deuxième fois. Chaque jour qui passe, la fatalité et la résignation cèdent un peu plus de terrain à l’espoir et au rêve. Accentuons davantage nos efforts pour que notre action ne se réduise pas qu’au soulagement ponctuel d’une détresse.

Bien souvent l’action humanitaire - force est de le constater - a pâti d’un manque de cohérence et de continuité sur le long terme, cédant volontiers à la tentation de la médiatisation. Or, comme le souligne fort à propos un éminent politologue français, Pierre Hassner, la solidarité « n’a de sens qu’en sortant les victimes de leur statut de victime, en créant les conditions d’une reconnaissance mutuelle et d’une réciprocité, et un cadre national et international susceptible de transformer la victime en égal ».
Tâchons de nous rapprocher de cet idéal ! C’est celui de notre Alliance !

Je suis d’autant plus ému d’aborder ce sujet avec vous que nous nous trouvons en Espagne, à seulement quelques encablures de l’Afrique ! Plongeant ses racines dans le substrat culturel et linguistique latins qui est le nôtre, la langue espagnole, qui a donné à l’humanité pléthore d’hommes de lettres et d’artistes de tout premier plan, est mue par les mêmes valeurs que celles véhiculées par la langue française.
Des valeurs d’ouverture au monde, de respect des différences et d’universalité.
Tout comme la francophonie, l’hispanophonie présente des affinités avec l’Afrique. J’en veux pour preuve l’engagement indéfectible de Sa Majesté la Reine Sofia d’Espagne en faveur de l’alphabétisation des femmes, de l’éradication de la cardiopathie et de la promotion du microcrédit.

Il ne vous a pas échappé que, ces temps-ci, l’Afrique réussissait à l’Espagne et à l’hispanophonie.
Comment ne pas évoquer le brillant succès de la « roja » en Afrique du Sud !
Voir à la même affiche Nelson Mandela et Sa Majesté la Reine Sofia d’Espagne. Tout un symbole ! Une victoire pour la paix ! Une consécration pour l’Afrique !

Le monde est devenu un « village planétaire », fait d’un entrelacs de liens et relations humaines, d’un enchevêtrement d’intérêts, d’imbrications et d’interdépendances en tout genre.
L’histoire nous l’enseigne, au quotidien, dans des mouvements de renversement dont elle détient, seule, le secret.
Oui, nous nous souviendrons encore longtemps de la journée du 23 août 2010.
Celle de la libération des deux humanitaires espagnols, Albert Vilalta et Roque Pascual, otages d’Al Qaïda au Maghreb islamique détenus depuis novembre 2009. Sans les efforts de médiation soutenus du Burkina Faso, et tout particulièrement de son président Blaise Compaoré, je peux en témoigner car j’ai suivi ce dossier sur place, la situation de nos amis Albert Vilalta et Roque Pascual n’auraient pas connu un tel heureux dénouement, condamnant l’Espagne à vivre dans la psychose d’être l’orpheline de ses deux humanitaires !
Nul ne peut nier l’évidence de ce village devenu planétaire en s’aveuglant, en faisant la sourde oreille, ou en dressant des forteresses.
Quiconque s’y risquait, la nature, dans ses spasmes chaotiques, viendrait le lui rappeler, impérieusement.
Il n’y a pas de sécheresse, d’incendie, d’inondation nationale, continentale. Pas de catastrophe naturelle qui soit l’exclusivité d’une partie du globe plutôt que d’une autre. Souvenons-nous du nuage du volcan dit « islandais » Eyjafjallajökull, qui a paralysé le trafic aérien planétaire un mois durant. Souvenons-nous des incendies aux portes de Moscou, cet été ! Face aux malheurs, point de « riches » ni de « pauvres ».
Point de petite nation… Point de puissance. Seule la vie prime.

Nous devons tous être solidairement responsables. Comme disait, fort pertinemment, l’abbé Pierre : « On ne peut pas, sous prétexte qu’il est impossible de tout faire en un jour, ne rien faire du tout ».

Agissons donc avec nos moyens, aussi limités soient-ils, l’essentiel étant de maintenir le cap que nous nous sommes fixé au départ. Celui de la durée, de la pérennité et de la persévérance.
Face à la crise qui secoue le monde, la souffrance avance chaque jour un peu. Dans les pays du Sud la baisse du taux de croissance en 2009 empêchera 53 millions de personnes de sortir de la pauvreté.
Au même moment sept cents milliards de dollars ont été débloqués pour sauver Wall Street !
Le contraste est édifiant !

Mais, j’insiste… Notre combat lui n’a pas de prix. Il est de celui des valeurs.

Aider ces enfants à retrouver goût en la vie, c’est leur donner la possibilité de retrouver foi en l’humain, leur ouvrir le chemin de l’école à partir de laquelle la découverte de l’autre, des autres pourra commencer, en vue, peut-être, d’une réinvention du monde, autour d’aspirations et d’idéaux plus solidaires, plus tolérants et plus pacifiques.

Je vous remercie pour votre attention.