GRAND CONCERT FRANCO-JAPONAIS

Parrainé par l’Alliance Francophone

Jean R.Th. Guion entouré des chanteuses Japonaises, du chanteur Mathieu Vermeulen et de Michel Glazko accordéoniste
Vif succès, ce 3 novembre 2014, remporté par le concert exceptionnel donné par l’Association Franco-Japonaise de la Chanson, sous le parrainage de l’Alliance Francophone, au Théâtre de l’Européen (Paris 17). Devant une salle comble, les jolies chanteuses du Cabaret ELM de Nagoya, dirigé par Shuji Kato, ont été chaleureusement applaudies, de même que les artistes français invités : Vermeulen, troubadour des temps modernes, Mistigri, à la vitalité remarquable, Michel Glasko, à l’accordéon sensible et Charles Dumont, dont les immenses succès ont été repris par un public enthousiaste.

Charles Dumont entouré des chanteuses Japonaises

J’ai accepté avec plaisir de participer à ce concert, par amitié envers Shuji Kato et tous ces Japonais qui m’ont reçu comme un prince dans leur pays… J’apprécie beaucoup tous ces artistes bien élevés, raffinés et généreux. Pour eux, à Nagoya, j’ai chanté « la cigarette après l’amour » en japonais…
Et ses chansons les plus célèbres sont naturellement interprétées avec charme et conviction en japonais…

Charles Dumont et Shuji Kato rendant hommage à la Maman et Muse de Shuji récemment décédée.

Ouverture du concert avec la participation des « Fées de la Chanson »

Une vieille amitié lie l’Alliance Francophone et l’Assocation Franco-Japonaise de la Chanson. Elle a débuté grâce à Jacqueline Danno, souvent invitée au pays du Soleil Levant par Shuji Kato, qui s’attache « défendre une culture si différente de la sienne », comme le soulignait Jean R. Guion, en faisant rayonner la chanson française de qualité, en traduisant les œuvres les plus populaires.

- Le japonais, qui me semblait une langue gutturale, me paraît maintenant beaucoup plus belle et subtile, dans les bouches de ces nymphes d’Extrême-Orient, remarque Franck Viguier, poète et auteur-compositeur.

- C’était vraiment très bien. Je n’ai jamais vu un transfert de culture de telle qualité, dit Hélène, une spectatrice.

Au-delà des langages, les valeurs se répondent. Dans son introduction, le président Jean Guion a fort justement mis en exergue les valeurs communes au Japon et à la France : art de vivre, raffinement, richesse et respect de cultures si différentes et si complémentaires.

A quoi remarque-t-on qu’une soirée est réussie ? Aux sourires qu’arborent les spectateurs en sortant de la salle. C’était le cas, ce pluvieux soir de novembre, à l’Européen.

Michèle Barbier
Secrétaire Générale de l’Alliance Francophone

Le discours d’ouverture du Président de l’Alliance Francophone

Le Discours d’ouverture de Jean R. Th. Guion

Président International de l’Alliance Francophone

Membre de l’Académie Française des Sciences (O.M.)

L’amitié franco-japonaise,

Alchimie de la différence !

Des milliers de kilomètres séparent la France et le Japon, mais combien d’attaches et d’affinités les lient !

Entre ce qu’il est convenu d’appeler le pays le plus « occidental » d’Orient et l’un des pays les plus « orientalistes » d’Occident, les obstacles géographiques ne résistent pas.

Bien que surgis de traditions philosophiques et historiques différentes, l’Hexagone et l’Archipel convergent à plus d’un titre : un même idéal de paix internationale, une aspiration commune au bien-être de l’humanité et un consensus autour des valeurs de démocratie, de droits de l’homme et de libre marché, un socle de dialogues et d’échanges fécond, qui célèbre l’entente et la coopération internationale à l’échelle eurasiatique, sinon à l’échelle planétaire.
Le Japon est une passion française !

Le président Jacques Chirac, amateur passionné et éclairé de sumo et d’arts, a effectué pas moins de quarante visites dans ce pays, plus que n’importe quel autre chef d’Etat français. Une donnée qui en dit long !

« Le Japon est un pays que j’aime…. Le choc esthétique ressenti devant votre statuaire bouddhique m’a tout naturellement conduit à vouloir connaître les autres aspects de votre civilisation », confiait-il en 2007.

Loin d’être une affaire d’Etat, la « nipponmania » est, de manière générale, une affaire hexagonale. Les Français aiment le Japon. Ils vouent un profond respect au courage et à la témérité du peuple japonais face aux épreuves cruelles de l’histoire et des tragédies naturelles auxquelles il a dû faire face.

La catastrophe de Fukushima, après le passage du tsunami qui a dévasté le nord de l’archipel, fut une fois de plus l’occasion de s’en rendre compte. Manifestations de solidarité, envois de secours, affrètement de dons divers… L’opinion publique française a témoigné un élan de solidarité spontané, généreux, massif. Partout, dans les lieux publics, les administrations, les écoles, la mobilisation a été totale…

Il y a dans Fukushima l’écho des abominations d’Hiroshima et de Nagasaki, deux pages historiques bouleversantes qui affectent l’humain dans sa vérité la plus ontologique et suscitent l’empathie.

Les Français, dans leur inclinaison romantique, sont sensibles à cette histoire-là. Non pour sa dimension fataliste mais, au contraire, pour l’inaltérable instinct de survie, de résistance et de renouveau dont fait preuve, à chaque fois, le peuple japonais lorsqu’il est au bord de l’abîme.

Le « miracle japonais » fascine. Il taraude, il questionne.

Comment du chaos, complice de l’histoire et de la nature, une grande nation cramponnée à un rocher, entre vents et marées, a-t-elle pu enfanter de la troisième puissance mondiale ?

Le « 1789 japonais » serait une révolution contre la domination des éléments et de l’atome.

Cette lecture historique, empreinte de l’idéal des Lumières de libre-arbitre contre toute idée de prédestination humaine, constitue, sans doute de façon inconsciente, un des fondements de l’affinité franco-japonaise.

Le « contestataire » qui sommeille en chaque Français voit d’un œil fraternel le « combat » nippon contre la domination de l’ordre naturel et du risque nucléaire.
Une histoire ancienne, « sans histoires »

L’amitié franco-japonaise est singulière. Elle se distingue des autres relations bilatérales qu’entretient la France avec d’autres nations. Elle est essentiellement basée sur une dimension avant tout émotionnelle et esthétique, un jeu de miroirs culturels, une confluence civilisationnelle de l’Occident et de l’Orient, de l’Europe et de l’Asie.

Les relations entre les deux pays restent très marquées par le traité d’amitié et de commerce conclu en 1858, véritable acte fondateur des relations franco-nippones. D’emblée, la dimension culturelle et intellectuelle revêt un poids considérable. La philosophie des Lumières et la pensée de Jean-Jacques Rousseau sont très en vogue dans le mouvement pour la liberté et les droits de l’homme.

Soucieux de moderniser ses institutions, le nouvel Etat japonais fait appel à d’éminents juristes français, parmi lesquels Gustave Emile La Boissonnade.
C’est alors que la langue française trouve ainsi une audience parmi les élites japonaises.

C’est le point de départ de la francophilie japonaise qui va prendre un élan décisif avec l’inauguration de la Maison franco-japonaise en 1924, date à laquelle est instaurée la première liaison aérienne entre Paris et Tokyo. Créée à l’initiative de Paul Claudel, alors Ambassadeur de France, et du vicomte Shibusawa Eiichi, fondateur de la Banque du Japon, elle ne cessera d’être un haut lieu de dialogue et d’échange entre les intellectuels français et japonais.

Art de vivre et raffinement en partage

D’ordinaire la qualité d’une relation étatique bilatérale est jugée à l’aune du degré de coopération politique et de la densité des échanges économiques.
Fort de la Déclaration pour un nouveau partenariat franco-japonais, adoptée lors de la visite du Président Chirac à Tokyo en mars 1995, le lien politique entre les deux pays s’articule autour d’un dialogue stratégique de haut niveau régulier rehaussé depuis janvier 2012 au niveau du ministre des Affaires étrangères puis au niveau du ministre de la Défense.

Les diplomaties française et japonaise œuvrent en faveur d’une réforme des Nations unies, la France étant favorable à la candidature du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité.

La solidité de la coopération politique se vérifie sur le plan économique, même si le volume des échanges entre les deux pays a diminué ces dernières années en raison de la crise économique.

Deuxième partenaire économique de la France en Asie après la Chine depuis 2003, son 11ème fournisseur et 13ème client en 2011, le Japon est la première destination des investissements français en Asie. La France est le troisième investisseur derrière les Etats-Unis et les Pays-Bas. Le succès du conglomérat Renault et Nissan, pari au départ risqué, a marqué le public japonais.

De son côté, Le Japon est le premier investisseur asiatique en France avec près de 440 implantations employant environ 70 000 personnes, particulièrement appréciés pour leur qualité et le respect des normes sociales et environnementales.

Au-delà du commerce et des performances, le plus saisissant dans la relation entre ces deux pays, c’est la dimension culturelle et artistique !
Le secret franco-japonais se situe à un niveau spirituel et philosophique : une croyance commune dans l’art de vivre et le raffinement.

Paris et Tokyo tiennent lieu de capitales mondiales de la mode.

Les créateurs et stylistes viennent se faire apprécier et tenter d’y trouver la célébrité, comme le couturier Kenzo, natif de Himeji venu s’installer à Paris en 1964 pour y lancer sa ligne de vêtements, avant de devenir une grande célébrité internationale. Si les Japonais voient en la France l’incarnation même du beau, les Français le leur rendent bien.

Le groupe de marques prestigieuses LVMH de Bernard Arnaud est installé au Japon depuis au moins 30 ans, sensible au raffinement de son peuple. Il réalise dans, l’Archipel, 9% de son chiffre d’affaires. Quant à sa marque Louis Vuitton, c’est au Japon qu’elle génère son plus important chiffre d’affaires (70% du chiffre d’affaires mondial). Quelle Japonaise n’a pas un sac à main, un accessoire ou un bagage de la marque au fameux monogramme ?

L’art de vivre hexagonal fait partie de la réalité japonaise contemporaine. A Tokyo, l’empreinte de la gastronomie française est très prégnante.

Restaurants, boulangeries, pâtisseries et traiteurs à la française sont présents à presque tous les coins de rue. A un point tel que Michelin a récemment édité un Guide sur les restaurants de Tokyo ! Cette publication, première du genre en Asie, au-delà de l’accent mis sur l’importance des restaurants français à Tokyo, a révélé que cette capitale compte le plus grand nombre de restaurants étoilés dans le monde !

L’influence culinaire française au Japon est ancienne. Paul Bocuse fut l’un des premiers chefs français à ouvrir la voie. De nos jours, de nombreux chefs japonais sont formés par des chefs français en France ou au Japon. En outre, les équipes nippones de cuisine, pâtisserie, boulangerie et autres traiteurs font partie de l’élite mondiale, et se frottent régulièrement aux équipes françaises lors des différents championnats du monde.

L’influence de la culture nippone en France grandit. Les Français fréquentent assidûment les restaurants. De nombreux chefs français tournés vers la « cuisine fusion » aiment à marier la cuisine française à la cuisine japonaise.
Au-delà, tous les aspects de l’art et de la création sont touchés par l’inspiration japonaise, que ce soit dans la décoration intérieure ou le mobilier. Le style minimaliste, épuré, dépouillé, inspiré des maisons traditionnelles japonaises, a pris une place prépondérante. Place au zen et à la quiétude intérieure !

Le monde de l’édition n’échappe pas à cette tendance. Les amateurs de bandes dessinés sont conquis par les mangas, aspect graphique qui connaît ces dernières années un essor fulgurant. Des librairies spécialisées dans le manga ont vu le jour à Paris où de jeunes adeptes de « jeux de rôle » y échangent les personnages.

Sur internet, ces passionnés incarnent des personnages de mangas et se rencontrent parfois, déguisés, lors de ce qu’ils appellent de « cosplays » organisées annuellement dans différentes villes de France.

Le bien-être des peuples contre la realpolitik

Les relations franco-japonaises sont l’affaire des peuples avant d’être celles des Etats et des intérêts économiques.

Elles relèvent d’une séduction mutuelle et d’une adhésion réciproque à des valeurs de raffinement, d’esthétique et de bien-être.

A l’heure où les concepts de développement durable et de développement personnel tendent à gagner du terrain dans les opinions publiques occidentales, de telles affinités ont une véritable portée.

Nous sommes au cœur de la singularité du lien franco-japonais.

Un phénomène inédit dans les relations internationales qui remet fondamentalement en cause la realpolitik, cette manière « froide » de faire de la politique fondée sur le lien interétatique et le primat de la raison d’Etat.

S’agissant des relations franco-japonaises, la « raison » est avant tout humaine, citoyenne, individuelle, si tant est que le terme « raison » soit le plus appropriée !

Ne convient-il, plutôt, pas parler de « déraison » ?

Car, qu’on le veuille ou non, il faut de la passion pour oser les synthèses esthétiques, mariages culinaires, la fusion des goûts dans un monde dominé par les orthodoxies de l’authenticité et les spécialités en tout genre.

Les relations franco-japonaises sont une chance pour l’humanité entière parce qu’elles extirpent la donne citoyenne de son attelage politique et du règne des sphères institutionnelle de décision.

Véritable ode à l’amitié des peuples, elles sont la preuve que la différence et la diversité, loin d’être des freins au rapprochement et à la coopération internationales, sont les ferments d’une alchimie exceptionnelle.

Tout naturellement la Francophonie, qui n’est pas une idéologie mais un idéal qui anime des peuples en marche vers une solidarité de l’esprit, a séduit le Japon et les Japonais plus comme « art de vivre » que comme langue devenue en l’occurrence trait d’union, révélatrice de sentiments... Déraison vous ai-je dis, au service de la raison pour édifier entre nations majeures une véritable communauté culturelle.

C’est là une ambition humaniste, qui est le fruit du Siècle des Lumières, de la Déclaration des Droits de l’Homme, et des Poètes.
Voici l’ambition qui anime depuis 25 ans, déjà, notre ami Shuji Kato, Délégué Général de l’Alliance Francophone !

Au-delà du choc des civilisations, qui n’est que le choc des ignorances, ce qui est important c’est le dialogue des cultures.

Ce qui est important, c’est le respect des peuples et des individus, de leurs identités, de leurs richesses, de leurs âmes.

Ce qui est important enfin, c’est le partage et l’échange.
Parce qu’aucune civilisation, aucune culture, ne peut se développer, ne peut progresser, sans à la fois préserver son identité, et s’ouvrir sur les autres.
Ce soir je déplore une grande absente !

Une amie sans qui jamais l’Alliance Francophone ne serait implantée au Japon, notre Vice-présidente Jacqueline Danno…

Il a fallu toute sa détermination, sa foi, sa passion pour que nous venions ici partager avec vous ces valeurs auxquelles elle est tant attachée !
J’ai pour elle une affectueuse pensée aujourd’hui.

Je voudrais dire à Shuji Kato notre reconnaissance d’avoir réussi à donner vie à toutes nos valeurs, à les insuffler, ici, entre la France et le Japon, entre l’espace francophone et le Japon, en promouvant des initiatives merveilleuses, qui sont autant de contributions au rapprochement des peuples et des âmes.

J’ai déjà eu l’occasion de le dire, je le redis encore aujourd’hui, à travers la délégation de l’Alliance Francophone et de l’Association franco-japonaise de la Chanson, Shuji Kato est un exceptionnel et infatigable bâtisseur de l’Amitié entre la France et le Japon.

Il a su rassembler toutes les valeurs que nous défendons et qui ont contribué aux rayonnements de nos pays respectifs et de leurs cultures. Je voudrais redire à Shuji Kato, et aux artistes qui l’accompagnent et le soutiennent depuis des années, toute notre reconnaissance et toute notre admiration pour leur exceptionnel travail au service de la Chanson, au service de la culture.

Je voudrais aussi saluer sa Famille, et tout particulièrement sa chère Maman sans laquelle Shuji Kato n’aurait pu construire cette belle, noble et formidable œuvre culturelle et d’amitié ! Grâce à son inestimable concours et à sa sensibilité, il a su relier, depuis 25 ans, les deux grands créateurs artistiques et spirituels que sont les Peuples japonais et français, en dépit des milliers de kilomètres qui les séparent !

Certains peuvent se demander pourquoi Shuji KATO défend une culture si différente de la sienne…Je leur répondrai en interprétant Gandhi !

« C’est l’action et non le fruit de l’action qui importe. Nous devons faire ce qui est juste. Il n’est peut-être pas en notre pouvoir, peut-être pas en notre temps, qu’il y ait des fruits.

Toutefois, cela ne signifie pas que nous devions cesser de faire ce qui est juste.
Nous ne saurons peut être jamais ce qui résultera de nos gestes, mais si nous ne faisons rien, il n’en résultera rien. »

Parce que, nous le savons, les acteurs de la diversité ne sont ni les cultures, ni les Etats, ni les civilisations…

Les acteurs de la diversité ce sont les hommes, et Shuji Kato en est un des plus brillants représentants !

Jean R. Th. Guion